Chers membres de la Famille des droits de l’homme,
Chers membres et amis de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples,
L’année 2023 sera, et je le crois fermement, porteuse d’espoirs et d’exploits. Mais nous devons avant tout observer une pause et faire le bilan des actions accomplies l’année dernière. Notre plus grande réalisation en 2022 s’est traduite par la loyauté et l’engagement sans faille dont ont fait preuve les honorables Juges, le personnel du Greffe et, à vrai dire, toutes les parties prenantes de la Cour. Cette année aura été pour tous l’occasion de relever le défi consistant à œuvrer à la réalisation de la Cour africaine que nous voulons! Des États membres représentés au COREP, jusqu’aux partenaires en passant par les Organes de l’UA, les OSC, les Juges et les membres du personnel, tout le monde a joué sa partition en faisant preuve de professionnalisme et en se focalisant sur l’objectif ultime de renforcer et de protéger les droits de l’homme sur le continent. Pour toutes ces réalisations et pour bien d’autres sacrifices consentis, nous exprimons toute notre gratitude.
Je tiens, au nom de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, à adresser mes vœux de nouvel an à tout le public, aux partenaires et aux parties prenantes des droits de l’homme. Je souhaite mes vœux les meilleurs à la famille, aux amis et aux partenaires de la Cour. Je crois fermement que l’année 2022 nous a offert l’opportunité de reformer la justice des droits de l’homme en Afrique. Je félicite la Cour pour son travail remarquable et sa contribution inestimable à la protection des droits de l’homme en Afrique, à la promotion de la démocratie et à l’état de droit, socles solides de la paix et de l’harmonie sociale.
Je voudrais pour cette année lancer un appel à toutes les parties prenantes à l’effet de nouer une alliance pour réaliser les quatre objectifs principaux suivants : l’administration qualitative de la justice, le renforcement de la coopération inter-institutions, le renforcement de la diplomatie judiciaire auprès des autres parties prenantes, et le renforcement de la visibilité de la Cour africaine.
Le renforcement de la coopération interinstitutionnelle avec les organes de l’Union africaine ayant un mandat en matière de droits de l’homme est une exigence prévue au Protocole portant création de la Cour et vise à encourager une interaction dynamique entre les institutions opérant dans le même domaine. C’est à ce prix que nous pouvons promouvoir les droits de l’homme en Afrique ainsi que les droits des personnes qui estiment que leurs droits ont été violés et qu’elles doivent en conséquence porter leur cause devant nos organes.
Notre responsabilité est grande à cet égard et l’une des manières de renforcer l’espoir d’un lendemain meilleur en termes de réalisation des droits de l’homme aux plans continental et national passe par la coopération et le partenariat actif. La Cour entend poursuivre le dialogue judiciaire qu’elle a initié avec les juridictions nationales et sous-régionales ainsi qu’avec les institutions régionales des droits de l’homme. Elle entend également collaborer avec les États membres dans un cadre plus étroit et à travers les canaux diplomatiques
Le renforcement de la visibilité de la Cour africaine auprès des États membres, les citoyens africains, les ONG et les autres parties prenantes demeure un objectif constant de la Cour. Certes, le rythme de ratification du Protocole et de dépôt de la Déclaration se fait plus lent qu’on ne l’aurait espéré, mais nous pouvons percevoir la lueur au bout du tunnel.
La Cour ne pourra réaliser ses objectifs sans l’appui de l’Union africaine, notre organe intergouvernemental faitier. Elle ne peut non plus travailler seule, sans l’appui des États membres. Je voudrais, à cet effet, profiter de cette occasion pour féliciter l’Union africaine et les États membres pour leur engagement sans faille en cette nouvelle année à participer activement et de manière constructive au dialogue avec la Cour. Les gouvernements africains devraient renouveler leur engagement envers l’objectif initial qui a conduit à la création de la Cour africaine.
Nous comptons, à cette fin, poursuivre les visites de sensibilisation auprès des États membres de l’Union africaine en 2023. Nous continuerons à renforcer notre partenariat avec les États membres, les bailleurs de fonds, le COREP, les parties prenantes des droits de l’homme, et bien d’autres. Nous poursuivrons les échanges avec notre État hôte, la Tanzanie, afin de nous rassurer que le projet de construction des locaux de la Cour se concrétise. Nous poursuivrons nos efforts en vue d’obtenir des accréditations internationales et continuerons à œuvrer de manière à être de plus en plus reconnus, et à renforcer notre réputation en tant que juridiction continentale des droits de l’homme, tant en interne qu’à l’étranger.
Le travail judiciaire de la Cour ne saurait être efficace sans la contribution et l’engagement de toutes les parties prenantes, notamment les États membres de l’Union africaine. C’est bien la raison d’être de la diplomatie judiciaire que nous entendons renforcer auprès des autres parties prenantes. Sur ce point, les défis sont nombreux, comme en témoignent le pourcentage élevé de décisions qui ne sont pas mises en œuvre et le retrait de la Déclaration par certains États. La non-exécution des décisions des organes investis d’un mandat en matière de droits de l’homme par les États concernés constitue une menace pour le système de protection des droits de l’homme en Afrique. Il est encore temps d’engager une réflexion sérieuse sur l’avenir de nos décisions afin d’élever, par leur mise en œuvre effective, le niveau de protection des droits de l’homme, de renforcer la confiance dans nos institutions et de relever les défis de notre mission. C’est la clé de notre succès et de la crédibilité du travail que nous entreprenons.
Il importe également de relever que la protection des droits de l’homme ne peut être entièrement réalisée sans la participation active des citoyens africains et l’appui des acteurs non-étatiques qui représentent le peuple africain pour lequel et au nom duquel les États membres ont créé la Cour. Les citoyens africains doivent s’engager de manière proactive auprès de la Cour, directement et par le biais de la société civile africaine, afin de garantir la protection effective de leurs droits et libertés fondamentales.
Au nom de notre Cour, je vous invite donc tous à contribuer à la réalisation de la vision de la Cour, qui consiste à bâtir un continent doté d’une culture des droits de l’homme viable, afin de soutenir les objectifs de l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Nous nous réjouissons d’avance de travailler ensemble pour faire en sorte que notre Cour africaine soit meilleure et pour réaliser l’Afrique que nous voulons en mieux. En avant ! Brandissons haut l’étendard des droits de l’homme ! Continuons la lutte et travaillons à l’égalité des hommes, à la dignité humaine et à la concrétisation des droits de l’homme et des peuples pour tous et pour chacun.
Je voudrais, pour finir, saisir cette occasion pour, une fois encore, vous souhaiter à tous, mes vœux les meilleurs de santé et vous encourager dans toutes vos entreprises. Que l’année 2023 nous apporte à tous le bonheur, la joie, des bénédictions et le succès.
Je vous remercie.
IMANI DAUD ABOUD
Présidente de la Cour africaine